Trail Balcons d'Azur 25km - Année 2016

Montagnes du Massif de l'Estérel
Massif de l'Estérel

Nous sommes au printemps 2016. Je ne suis qu’un simple stagiaire dans une startup qui vend des couteaux de cuisine en ligne, et cela fait moins d’un an que je suis en France. Je ne suis pas encore à l’aise avec la langue française, mais mes collègues au boulot parlent anglais, donc j’arrive à communiquer avec eux. D’ailleurs, la communication est très bonne avec eux, spécialement avec mon patron, Will, qui est un grand sportif. Il m’invite à jouer au foot avec lui et ses potes presque toutes les semaines. Puis,  vers la fin de l’hiver, on commence à courir ensemble après le boulot.

Avec nous, il y a aussi Félix, un ancien collègue qui est également un passionné du sport et de la nature. Nous formons un joli trio qui prend de plus en plus l’habitude de courir ensemble dans les montagnes du Massif de l’Estérel à l’ouest de Mandelieu dans la Côte d’Azur. Un jour, Will suggère qu’il faudrait donner un sens et un but à toutes nos sorties de running. C’est ainsi que nous nous sommes inscrits au Trail Balcons d’Azur

À propos de la course

Le Trail Balcons d’Azur est une course qui a lieu tous les ans au printemps. Le départ et l’arrivée ont lieu à Mandelieu-la-Napoule, mais la plupart du parcours a lieu dans les montagnes du Massif de l’Estérel qui se trouve à la frontière entre les départements du Var et des Alpes-Maritimes. C’est une course dans l’univers du trail, donc c’est un très bon choix pour ceux qui aiment la nature et qui n’ont pas peur de faire du dénivelé. 

Cette course est proposée en plusieurs formats différents. J’ai participé dans la version de 25km, ce qui est la plus petite distance proposée par l’organisation. Les plus courageux peuvent faire les autres deux parcours : 47km et 68km. Pour la distance 25km, le dénivelé positif cumulé oscille entre 900 et 1000m, ce qui est loin d’être un cadeau pour un débutant.

Je ne me souviens pas de mon temps exact après avoir franchi la ligne d’arrivée, mais je pense que c’était un peu plus de trois heures au total. C’était la première fois de ma vie que je faisais un effort sportif pendant aussi longtemps. Pendant la course, j’ai eu le droit à trois points de ravitaillement où j’ai profité pour remplir ma gourde avec de l’eau et pour consommer quelques bouts de banane et des fruits à coque. En plus de cela, j’avais sur moi un « camelbak » avec 2 litres d’eau que je pouvais boire pendant la course grâce à un tube qui sort du reservoir. Cette eau était précieuse pour me maintenir hydraté, mais le fait de la porter rajoutait aussi un défi supplémentaire.

Même si la fatigue l’empêchait de profiter pleinement de l’expérience, j’étais tout de même assez lucide pour le me rendre compte des magnifiques paysages tout au long du parcours. On démarre en ville, mais après seulement 15 minutes, on est déjà entouré de la végétation et on prend de la hauteur. L’altitude maximale atteinte lors du parcours ne dépasse jamais les 500 mètres sur le niveau de la mer, donc « le mal de montagne » n’est pas du tout un souci pour cette course. En revanche, même si l’altitude n’est pas énorme, elle est suffisante pour avoir une splendide vue sur la baie de Cannes, et rien que cela vaut déjà l’effort subi par mes pauvres jambes peu expérimentées.

Erreurs de débutant

J’ai toujours été sportif. Depuis que j’étais juste un enfant, je faisais toujours un sport. Cela me donnait assez de confiance pour affronter le défi de ce tout premier trail dans ma vie. Cependant, avant ce jour-là, je n’avais jamais couru une distance supérieure à 20km, et encore moins avec un tel dénivelé. J’avais 21 ans, et quand tu as 21 ans le monde t’appartient. Rien ne peut t’abattre… n’est-ce pas ?

L’expérience est un atout de très haute valeur dans tous les domaines de la vie. Par conséquent, le manque d’expérience était définitivement un handicap pour ce trail. Cela s’est ressenti jusqu’au plus petit détail comme le simple choix du T-shirt. Il était noir et en cotton. Le jour de la course le soleil battait le plein sur la région, et la chaleur printanière combinée aux efforts physiques formaient un cocktail parfait pour me rendre compte qu’un maillot sportif aurait été un bien meilleur choix.

Heureusement, mon short et mes chaussettes étaient aptes pour la pratique du sport en extérieur sous le soleil. Mes chaussures n’étaient pas faites pour le trail, mais ça restait des chaussures de sport, donc pour un débutant c’était suffisant. En revanche, ce trail allait me donner une leçon très importante que je garde bien dans ma tête à chaque fois que je cours : le soleil n’est pas ton copain quand tu cours.

Je viens du Honduras, un pays chaud dans l’Amérique Centrale. Je jouais au foot à 14h sous le soleil à plus de 30° Celsius presque tous ls jours. En théorie, je devrais être à l’aise sous les rayons de l’étoile qui règne notre système planétaire. Néanmoins, en 2016, ça faisait déjà 5 ans que j’avais quitte mon beau pays, donc mon corps et ma resistance n’étaient plus les mêmes. Mais je ne le savais pas. Je n’avais jamais porté des lunettes de soleil, et porter une casquette n’était qu’une question de style pour moi. Résultat : après avoir subi trois heures de chaleur et les reflets du soleil sur les roches des montagnes, mes yeux et ma tête ont eu le droit de protester en déclenchant un mal de tête monumental après la fin de la course.

Luis sur la ligne de départ du Trail Balcon d'Azur 2016
Moi sur la ligne de départ

La force de l'équipe

Malgré les difficultés liées au manque d’expérience, l’expérience fût belle. Tellement belle que c’est en grande partie grâce à elle que je suis devenu un coureur habituel et que ce site web existe tout court. Mais je ne peux pas me permettre d’évaluer cette expérience sans faire une mention spéciale au duo qui m’a accompagné pendant les 25km de la course et tous les entrainements en amont : Will et Félix. 

La bataille mentale qui est menée quand on pratique le sport de la course à pied est, certes, un processus personnel. Toutefois, l’énergie qu’on obtient des gens qui nous entourent lors d’une course est non négligeable. Nous sommes des animaux sociaux, et comme tels, nous avons besoin les uns des autres.  Que ce soit en recevant de l’aide ou en aidant quelqu’un d’autre, l’énergie du partage nous rend un peu moins difficile le dépassement de soi quand les jambes ne veulent plus avancer.

Sans la folle idée de Will, je pense que je n’aurais jamais eu l’initiative de m’inscrire à une vraie course. Sans les conseils de Félix, j’aurais sûrement souffert beaucoup plus cette expérience et peut-être elle aurait été la première mais aussi la dernière. Nous n’avions pas tous le même niveau, et chacun a dû faire face à ses propres barrières pour pouvoir atteindre la ligne d’arrivée sur le sable de la plage du château de la Napoule. Mais nous avons franchit cette ligne ensemble. Je suis heureux d’avoir partagé tout cela avec eux, et si jamais ils tombent sur cet article, j’ai un message pour eux : Thank you, guys 🙂

Ligne d'arrivée du Trail Balcons d'Azur
Will (droite), Félix (milieu) et moi.