Ultra Trail Côte d'Azur Mercantour 30km - 2016

Ultra Trail Côte d'Azur Mercantour
UTCAM 2016

Ça faisait presque un an que j’étais en France. Je ne parlais toujours pas la langue couramment, mais je m’adaptais chaque jour de mieux en mieux à ce beau pays. Je venais de décrocher mon premier CDD dans une startup d’e-commerce, et le monde du trail n’était plus un sujet inconnu pour moi. D’ailleurs, plus tôt dans l’année, j’avais fait mon tout premier trail en compétition : le Trail Balcons d’Azur. Je l’avais fait avec l’un de mes anciens patrons et un autre ancien collègue du bureau. J’ai beaucoup aimé l’expérience, donc, quand mon patron, William, m’a proposé de refaire un trail quelques mois plus tard, je n’ai pas hésité à accepter.

C’est ainsi que je me suis inscrit à mon deuxième trail en compétition : l’Ultra Trail Côte d’Azur Mercantour, aussi connu comme l’UTCAM. Dans l’espace de quelques mois, j’allais affronter un nouveau défi, mais cette fois-ci un plus grand que le premier : 5km de plus (30 au lieu de 25km) et surtout 1000m de dénivelé de plus (2000m au lieu de 1000m). Cependant, l’expérience du premier trail m’avait rempli de confiance, et donc, ces différences ne me faisaient pas trop peur. En retrospective, un peu plus de « peur » n’aurait pas été une mauvaise chose.

Trop de confiance = mauvaise préparation

Tel un vrai novice, lors de ma préparation pour l’UTCAM, j’utilisais uniquement mon trail précédent comme repère. « J’ai déjà fait 25km, donc en faire 30 ne doit pas être trop dur », me disais-je pour me rassurer. Après tout, 5km de plus c’est quoi ? Un léger effort supplémentaire et basta. Et ce n’est peut-être pas faux sur le papier, mais le souci était que ces 5km en plus venaient également accompagnés de 1000m de dénivelé en plus dans l’ensemble de la course. 

Avec l’expérience de toutes mes années dans le monde la course à pied, j’ai appris que le dénivelé est un facteur très important dans une course. Cependant, pour retenir cette leçon il a fallu l’apprendre dans la souffrance, mais c’est comme ça que la vie fonctionne dans la plupart des cas. Par conséquent, mon entrainement pour l’UTCAM n’a rien fait de spécifique pour préparer mes jambes au dénivelé. J’étais confiant. Trop confiant même, à tel point que le jour J est arrivé et je n’ai dormi que 4h la nuit avant le départ.

Une course dans la douleur

Moi au sommet du trail UTCAM
Point culminant UTCAM 2016

J’ai rejoint mon ancien patron à Cannes, et avec sa voiture nous sommes allés à Saint Martin Vésubie, un joli village dans le Mercantour. Le paysage était spectaculaire avec les imposantes montagnes des Alpes du sud. L’ambiance était au rendez-vous, mais ma force était toujours au lit. La course a démarré avec une grande montée qui nous obligeait à marcher tellement elle était raide et étroite. Adieu mon souffle.

Dès que le sentier est devenu plus plat et large, la plupart des coureurs se sont mis à courir, y compris mon ancien patron. Néanmoins, je n’avais pas la force de courir. J’ai commencé à trottiner en me disant que l’énergie allait forcément se manifester plus tard et qu’à ce moment là j’allais rattraper mon retard. Ce moment n’est jamais arrivé, et c’était logique, car la suite de la course cachait des montées encore plus raides que celle du début.

La fatigue était tellement importante que je n’ai même pa pu accélérer lorsque le parcours est devenu surtout des descentes. Des jambes mortes m’ont fait marcher même sur le plat. J’avais un gros mal de tête qui était sûrement le résultat de la combinaison fatidique entre le manque de sommeil la veille et le manque d’habitude à faire du sport en altitude. Les montagnes étaient toujours belles, mais mon esprit n’avait plus la capacité d’admirer leur beauté. J’avançais par automatisme, mais en toute honnêteté, je ne prenais aucun plaisir.

Un succès malgré tout

Chaque pas était un cauchemar. À l’époque, je n’avais pas encore de montre de sport, donc je n’avais absolument aucune idée de combien de kilomètres il fallait encore parcourir. Je désespérais, et je n’avais envie que de me jeter par terre. Souvent, dans les moments durs, les coureurs se posent la question de pourquoi ils se font du mal avec de tels efforts physiques. Dans mon cas, je n’avais même pas la force de me poser la  question. Je voulais tout simplement que cela s’arrête.

Après plus de cinq heures d’effort, je commençais enfin à voir le bout de cette interminable course. Enfin, je l’entendais surtout. J’étais toujours dans les bois dans la montagne, mais j’entendais l’ambiance de la ligne d’arrivée. J’entendais le bruit, mais je ne voyais toujours pas le village. Nul besoin de préciser que j’avais déjà perdu tout espoir de rattraper mon ancien patron. Il ne restait plus qu’à prier qu’il n’ait pas eu marre de m’attendre et qu’il ne soit déjà parti.

Une fois de retour dans le village de Saint Martin Vésubie, les encouragements des gens dans les ruelles m’ont donné les forces nécessaires pour ne pas abandonner à juste quelques mètres de la fin. J’ai franchit la ligne d’arrivée, et je me suis dirigé vers le ravitaillement où mon ancien patron m’attendait. Les sentiments de soulagement et de fierté ont aidé à surmonter les courbatures. Une jolie expérience malgré tout, mais plein de leçons à noter pour mon futur en tant que coureur.

arrivéé-utcam2016
À quelques pas de la ligne d'arrivée